Interview de J.Diard, fondateur de Moore par F.Andelkovic | Moore
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Interview de J.Diard, fondateur de Moore par F.Andelkovic

14-10-2016

François Andekovic, Directeur éditorial chez Revolution 9

FA : L’Appartement Moore, un nouveau showroom ?

JD : Non, c’est exactement l’anti-showroom. Un showroom expose des objets inanimés alors que l’Appartement Moore présente une expérience in real life. Car notre métier n’est pas de vendre des objets mais de rendre possibles de nouvelles manières de travailler. Alors, le plus simple est de montrer comment nous travaillons. Dans d’autres secteurs, on parlerait de mise en situation, de « prototypage ». Sauf qu’ici, il s’agit d’une expérimentation grandeur nature, avec des humains comme acteurs : nous-mêmes.

FA : Pourquoi un appartement ?

JD : Justement, parce que l’humain est au coeur de notre projet. Parler d’« appartement », c’est dire qu’il existe des espaces d’un nouveau genre, à mi-chemin entre le lieu de travail classique et le domicile : des tiers lieux en somme. Chez nous, nos clients sont chez eux. L’originalité de l’appartement : nous permettre de tester avec eux des manières de travailler, par exemple le design sonore, essentiel pour créer un lieu vraiment bienveillant. Ce travail de co création est primordial pour appréhender efficacement la révolution en cours dans le monde du travail.

FA : Le flex office, un progrès ?

JD : S’il est bien conçu, c’est-à-dire bien adapté à l’entreprise, oui. Car la fin de l’équation « un salarié = un espace de travail » s’accompagne de la création de nouveaux espaces collaboratifs : salle de repos, de silence, de conf call, de co création. Le salarié gagne en bien-être, le collectif gagne en harmonie et en efficacité. L’objectif : que tout le monde travaille mieux grâce à des espaces en cohérence avec les nouveaux usages professionnels, plus confortables, véritablement hospitaliers.

FA : Une révolution au travail ?

JD : Oui, on peut parler de révolution, dans le sens d’un renversement du centre de gravité : ce n’est plus au salarié de s’adapter à son bureau mais l’inverse. Depuis trente ans le monde du travail a beaucoup changé. C’est au tour du mobilier de s’adapter. Après la percée progressive de l’open space face au bureau individuel, c’est au tour du sacro-saint poste de travail de laisser la place au « flex office ».

FA : Votre produit phare ?

JD : Notre plus grand succès est la Cabine Framery O : une « cabine (télé)phonique »
d’ 1 m2. On branche son smartphone et les hauts parleurs en diffusent le son. Ses atouts : son design, sa simplicité d’installation dans un espace existant, et surtout son utilisation intuitive. En 2015, nous en avons livrés 30 au siège social d’Orange. Surprise : 10 mn après leur arrivée, les utilisaient déjà. Cette année, Moore la propose en version 2-4 places, idéale pour une conf call en équipe ou une réunion entre collègues.

FA : Votre dernier projet ?

JD : Je pense à l’aménagement des bureaux de Deloitte, l’un des grands cabinets d’audit, en cours depuis juillet dans de nouveaux locaux, à La Défense. La grande originalité de ce projet réside dans son caractère expérimental : pendant six mois, 1000 des 3500 collaborateurs parisiens testent in real life le nouvel espace, au total de 8500 m2. Une grande première fois à cette échelle… D’habitude on propose des simulations, puis les salariés s’adaptent. Là, ils ont leur mot à dire. C’est d’autant plus judicieux que les collaborateurs de Deloitte sont jeunes (en moyenne 30 ans), exigeants et agiles. En tout cas, ils semblent s’approprier rapidement les principes du flex office : les cabines phoniques et les bulles de réunion ont beaucoup de succès…

Moore aménage plusieurs étages de Deloitte à la tour Majunga de Paris La Défense. Photo : Fabrice Dunou