DIALOGUE AVEC LE PAYSAGISTE | Moore
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DIALOGUE AVEC LE PAYSAGISTE

04-08-2022

Pierre-Jean, paysagiste du FIVE, fait des jardins depuis qu’il est minot (comme il le dit avec son accent corse). Passionné par son métier depuis toujours, il s’est formé au cours de ses nombreux voyages. Comme il le dit si bien « c’est une faute professionnelle de jardinier de ne pas visiter le monde et voir ce qui se fait ailleurs ».
Sa spécificité est avant tout l’observation de ce qui se passe autour du jardin et comment le faire rentrer dans la clôture. Rencontre avec ce passionné qui nous raconte toute la mise en œuvre des espaces verts du FIVE.

Comment s’est déroulé le projet du FIVE ?
La particularité du FIVE est que j’ai été contacté pour mettre uniquement des pots de fleurs. A la base, il n’était pas question de végétaliser cet espace. J’ai proposé de créer des jardins à l’intérieur. Je fais toujours un projet dans son intégralité, du dessin à la réalisation en passant par le choix des plantes : je conçois le chantier dans son ensemble. Dans la majorité des cas nous essayons de bosser avec des végétaux locaux, notamment au R+4 sur lequel on va trouver des boulots et des canches, des plantes que l’on trouve au bord des étangs parisiens. L’idée de ce projet est de faire rentrer la nature parisienne dans les bureaux. Au FIVE, j’ai voulu mettre des végétaux et des arbres locaux. En ville, il fait plus chaud qu’ailleurs et cela est dû à des phénomènes d’ilots de chaleur urbains. On sait par exemple, que si on agissait différemment, on aurait 3 degrés de moins dans nos villes. Je reste persuadé qu’on a tous un rôle à jouer pour pouvoir continuer de vivre en ville, car à ce rythme-là, on va finir par survivre et non plus vivre. Ajouter des végétaux à nos milieux urbains est l’une des solutions : l’évapotranspiration lutte naturellement contre le réchauffement climatique et agit comme un climatiseur naturel sur notre environnement.

Différents enjeux en fonction des niveaux ?
Le pin fait partie des enjeux du projet. Avoir un arbre à l’entrée du bâtiment pour accueillir les visiteurs était un point important du projet. Ainsi, pour correspondre au mieux et harmoniser l’ensemble, j’ai conçu le jardin du R+1 avec un effet japonisant, la cohérence étant le mon maître mot. Au R+1, les végétaux évolueront en fonction des saisons, les érables changeront de couleur, les fuseaux ailés perdront leurs feuilles et cela reproduira l’effet des jardins appelés Tsubo-Niwa (petit jardin japonais destiné à la contemplation et à la relaxation). Un endroit conçu pour une conversation entre collègues, ou pour être seul quand on a besoin de souffler 5min dans journée.
Les bacs du 4e étage sont en châtaignier du limousin (pour rester toujours sur une politique de local) et le terreau, quant à lui, la particularité de garder et d’encaisser de grosses précipitations pour les ressortir au fur et à mesure des besoins de la plante.
Au R+5, on va travailler sur la densité pour cacher les premiers toits de paris pour voir uniquement la deuxième ligne et apprécier la vue parisienne.

 

Quelle importance peut avoir le climat sur vos projets ?
Avant tout, il faut arrêter les caprices. On ne fait pas un jardin à Paris comme on fait un jardin à Ajaccio. Je travaille une majorité de jardins sans irrigation, juste avec des périodes de plantation bien choisies et des variétés locales pour respecter la nature au maximum. S’adapter à l’endroit est la première de mes règles. La fonction première d’un jardin reste l’ornement, mais posons-nous la question de faire des jardins utiles pour l’environnement.

De paysagiste corse à paysagiste parisien, pourquoi ce changement d’ambiance ?
Je suis un paysagiste de parcs et de jardins. Les grands espaces c’est vraiment mon truc. Donc végétaliser des rooftops c’est récent pour moi. C’est très différent, je rencontre d’autres gens, de nouveaux paysages, la technique n’est pas la même, la méthode de travail non plus. Mais le choix des végétaux reste toujours proche de ce que je trouve à l’extérieur des bâtiments pour ramener « le grand dehors » sur les rooftops parisien.

 

Un mot pour d’écrire les espaces verts du FIVE ?
Novateur sur le fait de mettre des jardins dans un espace surélevé ou implanté à l’intérieur.

Et pour un apéro sur le rooftop du FIVE ?
Le Capo’Spritz évidemment !

Crédit photos : Alexis Paoli